mercredi, décembre 14, 2005

Jour 6 : El Kef-Gafsa (17 juillet 2005)

Réveil matinal le lendemain matin. J'ai du mal à me lever tard en voyage, et j'en profite pour réveiller les autres après un rapide tour de la ville (on est dimanche, tout est fermé ici). Ce n'est pas évident parce qu'ils ont le sommeil lourd mais je persévère et finis par obtenir gain de cause. "Juste le temps d'un café et on décolle." Chose surprenante, personne ne se plaint et je dois même avouer qu'ils sont plutôt vite prêts.
On se balade à travers la ville pour trouver la station de louages et descendre à Gafsa. El Kef est plutôt une jolie ville, comme on le pressentait la veille, mais c'est plus facile à constater en journée. Cette fois, l'accueil est plutôt froid et les rares commerçants ouverts n'apprécient pas du tout notre intrusion. On se fait arnaquer deux ou trois fois avant de prendre définitivement le large.
Dans le louage, c'est devenu un peu une habitude, les Slovènes sont ensemble sur un siège à deux places et nous autres nous glissons à l'arrière, juste derrière eux, sur la triple banquette. Matt est amusant et plein d'une vitalité phénoménale. Quand il ne dort pas. C'est assez ennuyeux d'avoir des voisins dormeurs sur d'aussi longs trajets, mais je ne peux pas les réveiller pour mon bon plaisir. D'autant que Matt a la gentillesse de me prêter régulièrement son Ipod, ça me permet de passer le temps.
On arrive enfin à Gafsa, assez tôt dans l'après-midi pour se balader à la recherche des monuments historiques de la ville : des piscines romaines que le Lonely Planet affirme être pleines et que le Petit Futé promet vides et inutilisables. C'est un peu la guerre avec Igor qui clame haut et fort que mon "shitty guide" n'arrive pas à la cheville du sien, et c'est vraiment une question d'honneur pour moi que de trouver ces piscines totalement asséchées. Evidemment, avec la chaleur qu'il fait ici, on préfèrerait tous pouvoir s'y baigner, mais mon honneur sera sauf et la douche indispensable, car les ruines de Rome sont absolument tout sauf des piscines. On est donc tous un peu déçus, mais j'ai tout le même le grand privilège de charrier Igor sur tout le chemin. On arrive près de la palmeraie et nous décidons de la parcourir, pour une fois que l'on en croise une. Gafsa est une vraie ville du Sud, c'est la première sur notre trajet, alors on en profite pour découvrir les sinuosités de son oasis. On s'y perd avec délectation sans prendre garde de l'heure qui tourne et du soleil qui se couche. En plein coeur de la palmeraie, on rencontre, à ma grande surprise, un couple de Tunisiens qui vivent là, dans leur maison à ciel ouvert avec leur enfants. Ils nous invitent à prendre un verre de thé, goûter les figues de Barbarie et discuter un instant. Les garçons acceptent avec chaleur, je suis déjà plus circonspecte mais je comprends que mes compagnons de voyage aient envie de connaître l'hospitalité tunisienne, surtout offerte de si bon coeur. J'ai seulement horreur qu'on me pose ces éternelles questions d'où tu viens, où vas-tu, qu'est-ce que tu fais...
Celle que j'avais oubliée, la fameuse question -comme quoi on perd vite les bonnes habitudes- c'est celle du mariage. J'avais pourtant tout bien préparé, ma bague de pacotille devant servir d'alliance, des mensonges éhontés sur mon époux m'attendant dans la prochaine ville... Rien à faire, le confort rassurant de ce voyage en groupe (concept tout nouveau pour moi) m'a totalement fait oublier les précautions de base. Résultat, je me retrouve à me voir proposer la main du fils aîné pendant que mes adorables compagnons acceptent volontiers un second verre de thé! On finit par rentrer avec l'aide du père et du fils (la palmeraie est dangereuse de nuit visiblement) et ce dernier me propose tout de même de passer la nuit chez eux, offre que je décline le plus poliment possible. Après cette soirée pleine de surprises, on décide de prendre les devants et, Matt étant le seul à porter une bague, il accepte de me servir de mari virtuel pour nos prochaines rencontres délicates. On retourne enfin à notre hôtel où je reste seule, cette journée m'ayant coupé l'appétit, pendant que les autres vont se sustenter. Mais la porte de la chambre ne ferme pas, je ne pourrais donc pas fermer l'oeil avant leur retour. Vivement demain!